La composition du gouvernement canadien commence au niveau des circonscriptions. Or, la couverture médiatique porte essentiellement sur les chefs de parti et leurs plateformes électorales. Il importe de prendre conscience des enjeux locaux et d’apprendre à connaître les candidats pour qui nous votons réellement.
À la demande populaire, nous avons reconduit notre examen des 338 circonscriptions canadiennes (moins les 11 déjà présentées il y a quelques semaines) et dressé une liste de celles qu’il faut surveiller. Nous y retrouvons des circonscriptions de partout au pays, notamment de classiques circonscriptions changeantes, d’autres qui mettent de l’avant des candidats vedettes locaux, et même des circonscriptions-bastions, où un même parti – voire une même famille – remporte le scrutin depuis des années.
Légende :
Circonscriptions remportées de justesse aux dernières élections ou ayant l’habitude de pencher en faveur du parti au pouvoir.
Circonscriptions mettant en vedette des candidats qui se démarquent par leur passé particulier ou leur longue carrière en politique.
Circonscriptions ayant l’habitude d’élire le candidat d’un parti donné. Une victoire ou une défaite dans ce genre de circonscription revêt généralement une plus grande importance que le siège disputé en soi.
Voici notre deuxième édition :
Cette circonscription, l’un des 30 nouveaux sièges à pourvoir à l’élection de 2015, rassemble des électeurs issus de North Vancouver, historiquement acquise à la droite, et de Burnaby-Douglas, d’allégeance néodémocrate depuis sa création en 1997. Une chaude lutte à trois s’y annonce entre Mike Little (PCC), vétéran de neuf ans du conseil municipal, Carol Baird Ellan (NPD), ex-juge en chef de la Cour provinciale de Colombie-Britannique, et Terry Beech (PLC), ancien conseiller municipal et maintenant entrepreneur.
La qualité des candidats briguant le vote est loin d’être le seul point d’intérêt de cette circonscription : cette dernière figure en effet au premier plan du débat national sur l’énergie, puisqu’elle se trouve sur le chemin du projet de pipeline Trans Mountain de la pétrolière Kinder Morgan.
La circonscription récemment rebaptisée North Island–Powell River est un amalgame de Vancouver Island North et de West Vancouver–Sunshine Coast–Sea to Sky Country, deux circonscriptions où des partis de droite ont remporté, à une exception près, chaque élection depuis 1997. Laura Smith, qui a travaillé en gestion forestière et été conseillère du député de Vancouver Island North John Duncan, espère renforcer la présence des conservateurs sur l’île en battant ses adversaires Peter Schwartzhoff (PLC) et Rachel Blaney (NPD). Preuve de l’importance qu’attache le parti au pouvoir à ce siège, Stephen Harper s’y est rendu tôt dans la campagne. La chef du Parti vert Elizabeth May y a, quant à elle, fait une apparition lors de l’ouverture du bureau de sa candidate, Brenda Bayer.
Edmonton Strathcona englobe l’Université de l’Alberta, dont la communauté est connue pour sa tendance de gauche. En 2008, la candidate néodémocrate Linda Duncan y a défait le conservateur sortant Rahim Jaffer, avant d’être facilement réélue en 2011, tel un courant orange faisant son chemin dans la mer autrement bleue de la province. Rachel Notley, première ministre de l’Alberta, représente les mêmes électeurs à l’Assemblée législative de la province. Linda Duncan est la deuxième députée néodémocrate fédérale élue en Alberta, et actuellement la seule membre de l’opposition officielle issue de l’Alberta. Duncan n’a pas la langue dans sa poche. Ancienne porte-parole du NPD en matière d’environnement, d’affaires autochtones, de travaux publics et services gouvernementaux et du développement du Nord, elle s’est vu récemment attribuer le dossier de la diversification de l’économie de l’Ouest. Elle fait face à sept adversaires, parmi eux les avocats Len Thom (PCC) et Eleanor Olszewski (PLC).
En 2008, le député néodémocrate Bill Blaikie a pris sa retraite après avoir représenté Elmwood–Transcona pendant 20 ans, soit depuis la création de la circonscription en 1988. De son histoire, Elmwood–Transcona n’est passée aux mains d’un autre parti qu’une seule fois : en 2011, lorsque le conservateur Lawrence Toet a enlevé le siège par moins de mille voix. Toet tente de se faire réélire face à une concurrence coriace en la personne du fils de Bill Blaikie, Daniel. Il s’agira donc d’une course à deux, puisque le PLC est loin derrière après avoir perdu des plumes lors des dernières élections.
Depuis 1984, le parti qui remporte le siège de l’ancienne circonscription de Peterborough, récemment redécoupée et rebaptisée Peterborough–Kawartha, forme le gouvernement du pays. Comme si cela ne suffisait pas à attirer notre attention sur la course qui s’y déroule actuellement, l’ancien député conservateur Dean Del Mastro a quitté son siège en 2013 après avoir été accusé d’avoir contrevenu à la Loi électorale du Canada. Del Mastro avait obtenu près de la moitié des votes en 2011 et son successeur Micheal Skinner espère pouvoir compter sur le même appui face à Dave Nickle (NPD) et à Maryam Monsef (PLC).
Karen Redman, du Parti libéral, a représenté la circonscription de Kitchener Centre pendant plus d’une décennie. En 2008, cet honneur est passé pour la première fois aux mains du conservateur Stephen Woodworth, réélu de justesse en 2011. Cette fois-ci, les libéraux envoient du sang neuf à la reconquête de ce siège convoité en la personne de Raj Saini, un pharmacien local. Depuis quelques élections, le NPD gagne de plus en plus de partisans aux dépens des libéraux et des conservateurs, tendance qui s’accélèrera peut-être grâce à Susan Cadell, chercheuse primée et directrice de l’école de service social du Collège universitaire Renison.
En poste depuis 2006, le député conservateur Christian Paradis est un pilier du cabinet de Stephen Harper, y ayant pris la barre de divers ministères comme ceux de l’Industrie, du Développement international et de la Francophonie. Bien que Paradis ne se représente pas en 2015, le Parti conservateur espère que l’ancien maire de Thetford Mines Luc Berthold saura répéter son succès. Pour ce faire, il devra vaincre David Berthiaume, du Parti libéral, et Jean-François Delisle, qui tente d’accroître l’emprise néodémocrate sur le Québec.
Une autre raison nous pousse à nous intéresser à cette circonscription : le mini scandale causé sur les médias sociaux par la réponse qu’a donnée la candidate du Bloc québécois VirJiny Provost lorsqu’on lui a demandé de nommer trois choses essentielles pour elle dans un monde postapocalyptique.
Remportée par des candidats libéraux cinq fois de suite, Honoré-Mercier n’a pas été épargnée par la vague orange qui a déferlé le Québec en 2011. La néodémocrate Paulina Ayala tente de défendre son siège pour la première fois, face à un adversaire familier : Pablo Rodriguez, ancien président du caucus libéral et vice-président du volet québécois de la campagne de son parti, lui-même député de la circonscription pendant les sept années précédant le mandat de madame Ayala. Les troupes libérales aimeraient bien reprendre cette circonscription pour commencer à regagner le terrain perdu dans la province.
Les conservateurs, et avant eux les progressistes-conservateurs, ont mainmise sur cette circonscription depuis 1968. Les libéraux ont interrompu cette séquence une seule fois, lors de la célèbre déconfiture conservatrice de 1993, mais ils ont perdu leurs appuis au cours des dernières élections. Gerald Keddy leur a repris le siège en 1997 et l’occupe depuis, malgré trois tentatives presque fructueuses du néodémocrate Gordon Earle. Cette fois, ni Keddy ni Earle ne participent à la course, qui ne comprend que de nouveaux candidats : les conservateurs espèrent que Richard Clark saura maintenir l’appui des électeurs, Alex Godbold vise à combler l’écart qui séparait Gordon Earle de la victoire pour le NPD et les libéraux tentent leur chance avec Bernadette Jordan.
Saskatoon-Ouest se compose de sections retranchées à deux circonscriptions à forte tendance conservatrice. Bien qu’il semble à première vue s’agir d’une prise facile pour les troupes de Stephen Harper, un observateur attentif réalisera rapidement que la lutte s’annonce en réalité plutôt chaude. Carol Skelton (PCC) a enlevé Saskatoon–Rosetown–Biggar au NPD en 2000 par une marge de moins de 100 voix. La circonscription appartient depuis aux conservateurs, mais les néodémocrates ne sont jamais bien loin derrière. La reconfiguration de Saskatoon-Ouest pourrait donner du fil à retordre au candidat du PCC Randy Donauer, qui devra juguler la montée de la néodémocrate Sheri Benson. Les libéraux, représentés par Lisa Abbott, peinent à obtenir l’appui de la région, qui ne leur a confié qu’un seul siège aux dernières élections.
Première ministre fédérale inuite de l’histoire canadienne, Leona Aglukkaq, ministre de l’Environnement et ancienne ministre de la Santé, occupe le siège réservé au Nunavut depuis 2008. Elle fait maintenant face à deux adversaires de taille dans ce qui s’annonce comme une chaude lutte à trois : l’ancien député libéral Jack Anawak, qui brigue le vote pour le NPD, et le libéral Hunter Tootoo, membre de l’Assemblée législative du territoire.