Plus d’une semaine après le déclenchement de ces 43e élections générales au Canada, bien futé celui pouvant prédire les résultats compte tenu que les sondages placent, le Parti libéral du Canada (PLC) et le Parti conservateur du Canada (PCC) pratiquement à égalité dans les intentions de votes. Il est peu probable que les libéraux et les conservateurs voient leur base partisane respective quitter le navire en grand nombre puisque celle-ci est relativement solide. La victoire électorale appartiendra à la formation politique qui réussira le mieux à séduire l’électorat des autres partis. C’est ainsi qu’elle pourra former le prochain gouvernement et être majoritaire.  Pour les autres partis, le Bloc Québécois (BQ) et le Nouveau parti démocratique (NPD), ils se battront pour obtenir, la balance du pouvoir ou éviter la déconfiture.

Le gouvernement libéral sortant de Justin Trudeau table sur son bilan des quatre dernières années, surtout au Québec, où il a misé sur les familles, notamment avec la bonification de l’Allocation familiale. De plus, les libéraux mettent de l’avant les projets d’infrastructure qu’ils ont supporté, surtout dans le secteur du transport en commun.

Le chef conservateur Andrew Scheer a des positions opposées à son principal adversaire tant sur les changements climatiques que sur l’économie.  À titre de résidente de la ville de Québec, il est à prévoir que le dossier du troisième lien, que les conservateurs supportent, devienne un enjeu électoral chaud des deux côtés du fleuve Saint-Laurent où le PCC a beaucoup d’appuis.

Le NPD et son nouveau chef, Jagmeet Singh, ont de la difficulté à recruter des candidats. De plus, l’organisation électorale fait défaut et le financement n’est pas au rendez-vous.  Cela fait en sorte que plusieurs circonscriptions néodémocrates sont actuellement dans la mire des stratèges des autres partis fédéraux.

Pour pouvoir faire des gains et former le prochain gouvernement, les libéraux et les conservateurs devront convaincre de nouveaux électeurs. Il y a actuellement quinze circonscriptions électorales représentées par un élu du NPD au Québec.  C’est d’abord dans ce bassin que les stratèges concentreront leurs efforts. Ces comtés se trouvent, pour la plupart, en territoire caquiste ce qui laisse croire que les électeurs pourraient avoir certaines affinités avec le BQ. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le NPD est un parti fédéraliste. Cependant, il y a fort à parier que, dans le passé, ce n’est pas l’option fédéraliste qui a été l’argument majeur de l’adhésion des gens au NPD mais plutôt le chef de l’époque et ses politiques. Il est sûr que ces circonscriptions seront visitées, lors des prochaines semaines, par les chefs des différents partis.

Il est difficile, à ce stade de la campagne électorale, d’évaluer la performance du BQ et de son nouveau chef, l’ex-ministre péquiste, Yves-François Blanchet. Depuis son arrivée à la tête du parti, il a toutefois réussi à rassembler ses troupes et à faire oublier les déboires de la dernière année. Alors que Jagmeet Singh a dû consacrer son temps à se faire connaître de la population, le chef bloquiste était présent dans les médias québécois devenant, à nouveau, une figure politique publique. Le principal défi de M. Blanchet et de ses candidats est de convaincre les électeurs québécois de la pertinence d’élire des députés souverainistes à Ottawa sachant que le BQ ne prendra jamais le pouvoir.

Le Parti vert risque de mêler les cartes. Les libéraux déçus, pour lesquels l’environnement est un enjeu important, pourraient être attirés par le parti d’Elizabeth May. Il y a peu de chance que les électeurs conservateurs, qui font la promotion d’un corridor énergétique au Québec, changent d’idée et votent pour les Verts. Par ailleurs, afin d’accroître leurs appuis de façon substantielle, les verts devront présenter une plateforme crédible démontrant qu’ils sont aussi préoccupés par des enjeux autres que ceux de l’environnement.

L’impact de la nouvelle formation politique de l’ex-conservateur, Maxime Bernier, le Parti Populaire du Canada, ne risque pas de créer de vagues au Québec.  En divisant le vote conservateur dans sa circonscription de la Beauce, il est possible que M. Bernier ait un siège à la Chambre des communes.  Pour accroître ses chances d’avoir un plus grand impact, Maxime Bernier devra parler des éléments plus modérés, qui se retrouvent dans sa plateforme, afin de rejoindre les valeurs de certains électeurs plus à droite. S’il ne le fait pas, il peut s’attendre à ne pas faire une grande différence dans le paysage électoral.

À moins d’un revirement inattendu et, bien sûr, tout peut arriver lors d’une campagne électorale, la bataille se fera à deux soit entre les libéraux et les conservateurs.