J’ai trouvé dans cette élection énormément de matière à réflexion. La lutte serrée que se livrent les trois grands partis a quelque chose de fascinant et soulève une question évidente : est-ce que le statu quo politique va perdurer, ou verrons-nous la situation évoluer à l’approche du jour J? Je pense que le vent va tourner à mesure que s’intensifient les campagnes publicitaires et que se dessine la dernière ligne droite avant le jour du scrutin, mais chose certaine, les Canadiens manifestent déjà de l’intérêt pour cette élection.
Le contexte actuel me ramène quelques années en arrière, du temps où je réalisais des sondages pour les médias. En apparence, la situation était identique avec une lutte serrée entre trois candidats. Or, la réalité était bien différente de celle d’aujourd’hui. C’était peu de temps après l’élection d’un deuxième gouvernement conservateur minoritaire, les Canadiens en avaient assez d’être convoqués aux urnes à répétition, et les partis d’opposition venaient d’essuyer un cuisant revers. À l’époque, je sondais les intentions de vote sur une base hebdomadaire, et comme vous pouvez l’imaginer, la situation évoluait très peu d’une semaine à l’autre. Il n’était pas facile de rédiger un article intéressant à partir de statistiques quasi identiques semaine après semaine (je lève d’ailleurs mon chapeau à mes collègues qui ont dû composer avec le même problème pendant les 50 derniers jours de la présente campagne!)
Derrière cette impasse se cachaient à l’époque l’indifférence, l’apathie, voire un malaise palpable. Pour paraphraser Timothy Leary, légende de la génération du baby-boom, l’électorat n’était ni intéressé ni désintéressé : il avait tout simplement décroché.
Alors, qu’en est-il de la présente élection? Assiste-t-on au même scénario? On pourrait en toute logique affirmer que la faible variation des résultats des sondages témoigne du manque d’intérêt des Canadiens à l’égard de la campagne, voire du manque d’intérêt de la campagne elle-même. Toutes les raisons ont déjà été évoquées pour justifier cette situation : les gens boudent la politique, la campagne est trop longue, les élections ont été déclenchées en pleine canicule, les citoyens n’accordent plus d’importance aux élections, et j’en passe. Certains iraient jusqu’à dire que le terme largement répandu « électeur indécis » est en fait un euphémisme pour « électeur désillusionné ».
Or, nos résultats nous présentent une réalité bien différente. Dans le cadre de notre couverture des élections fédérales 2015, nous avons demandé l’avis des membres de la communauté de recherche H+K Perspectives. Voici ce que nous avons appris.
Les gens s’intéressent aux élections. Ils ont l’intention de voter et ont même hâte au jour du scrutin.


Nombre d’entre eux reconnaissent également que l’élection est importante et que son issue aura une incidence sur leur vie quotidienne.
Ces résultats sont pour moi la preuve que cette élection suscite un grand intérêt chez les Canadiens. Surprenant, direz-vous? Je trouve plutôt que cela respecte une certaine logique : les épreuves chaudement disputées dont le résultat est imprévisible ont généralement un certain pouvoir d’attraction.
Après tout, même l’amateur de sport occasionnel ne voudra rien manquer d’une partie serrée!
Ne manquez pas mon prochain article intitulé Quand élection rime avec émotionsportant sur la gamme d’émotions que suscite la présente élection chez les Canadiens.
H+K Stratégies a réalisé un sondage national sur les enjeux électoraux. Nous avons interrogé 1 144 Canadiens du 11 au 16 septembre 2015 (la marge d’erreur associée à un échantillon de cette taille est ± 2,9 %, 19 fois sur 20).