Qui sera le prochain chef selon les médias sociaux?
Les membres du Parti québécois (PQ) peuvent maintenant voter pour leur prochain chef. Trois candidats sont toujours en lice : Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Pierre Karl Péladeau. Ce processus est plus que le choix d’un nouveau chef, c’est aussi l’occasion pour un grand brassage d’idées pour un parti politique.
Depuis le 30 janvier dernier, les candidats engagés dans la course communiquent efficacement sur les médias sociaux. En plus de la couverture dans les médias traditionnels, les canaux numériques et sociaux permettent aux candidats de diffuser leurs messages, de rassembler des supporteurs, de consolider leurs appuis et d’augmenter le nombre de points de contact avec les membres du parti, mais aussi avec les observateurs de la scène politique québécoise, et ce, sans le filtre des journalistes.
Les aspirants-chefs ont tous les trois un site Web dédié à leur campagne, et chacun d’eux a déployé une présence active sur les médias sociaux Facebook et Twitter. Les images et les vidéos de leur campagne se retrouvent abondamment sur chacun de leur média social et sont notamment scruter par les internautes. Ce type de contenu favorise les interactions et l’engagement de ces derniers. Les publications provenant des principaux médias ont également été fortement relayées par les trois candidats à la succession de Pauline Marois.
Cette course à la chefferie prouve, encore une fois, que l’univers des communications a changé, que les stratégies de relations publiques doivent intégrer les canaux numériques au même titre que le journalisme a dû s’adapter aux médias sociaux. Aujourd’hui, les journalistes n’ont pas le choix de consulter fréquemment les comptes des politiciens.
Les journalistes doivent eux-mêmes produire des contenus à la fois pour les plateformes traditionnelles et numériques, et c’est pourquoi ils peuvent reprendre du contenu émis par le biais des plateformes numériques. Les stratégies de communication sont maintenant adaptées à cette réalité, et parfois certains politiciens préfèrent favoriser uniquement les canaux numériques pour diffuser certains messages au lieu de s’adresser aux journalistes.
L’effet Julie Snyder
En plus de leur propre présence sur les médias sociaux, les candidats à la chefferie ont reçu l’appui d’influenceurs du Web qui sont en mesure de faire rayonner leur contenu. Les internautes influents offrent une portée plus grande aux candidats tout en permettant de renforcer la notoriété et la crédibilité des messages diffusés. Par exemple, Pierre Karl Péladeau a pu compter sur l’appui de sa conjointe Julie Snyder, une personnalité populaire au sein du grand public et très active sur les médias sociaux. À titre d’indication, le compte Twitter de Mme Snyder possède 160 000 abonnés et sa page Facebook compte plus de 258 000 adeptes. Durant la campagne de M. Péladeau, Mme Snyder a régulièrement relayé du contenu par le biais des médias sociaux visant à promouvoir la candidature de son conjoint, voire même à prendre sa défense, notamment lors du passage du dragon Mitch Garber à l’émission Tout le monde en parle à Radio-Canada.
La portée de Facebook
Seconde plateforme sociale la plus populaire auprès des Québécois après YouTube, Facebook est fortement utilisée par les aspirants-chefs. Pierre Karl Péladeau possède la plus grande communauté d’adeptes avec 41 442 internautes membres de sa page. Martine Ouellet et Alexandre Cloutier ont rassemblé respectivement 12 205 adeptes et 11 395 adeptes.
Les communautés Facebook de MM Péladeau et Cloutier sont plus engagées que celle de Martine Ouellet. En d’autres termes, les adeptes interagissent davantage avec des mentions « J’aime », des commentaires ou des partages de contenus.
Le choix du bandeau supérieur de la page Facebook est un bon indicateur des messages qui seront mis en valeur :
Martine Ouellet : Une image chargée de texte concernant son rassemblement.
Alexandre Cloutier : Son slogan de campagne.
Pierre Karl Péladeau : Une image de lui qui est entouré des députés qui le supportent, accompagnée de son slogan et de l’adresse de son site Web.
L’impact de Twitter
Le média social convoité par les journalistes, les politiciens, les leaders d’opinion ainsi que les citoyens engagés est également pris d’assaut par les aspirants-chefs. Pierre Karl Péladeau (19 451 abonnés) rejoint directement plus abonnés Twitter que ses rivaux, mais l’écart est moins grand entre les deux autres : Martine Ouellet (11 093 abonnés) et Alexandre Cloutier (12 903 abonnés).
Du 30 janvier au 12 mai, les comptes des trois candidats à la chefferie ont généré 136 714 mentions sur Twitter pour obtenir une portée totale de 321 millions d’impressions.
Les mentions liées au compte de Pierre Karl Péladeau ont généré 221 millions d’impressions émises par plus de 17 000 utilisateurs Twitter qui ne sont pas nécessairement des abonnés. Il est favorisé par une communauté internaute influente qui participe au rayonnement de son compte ou de ses messages. Parmi les utilisateurs Twitter influents, on retrouve des médias et plusieurs personnalités, dont Guy A. Lepage (303 573 adonnés), Julie Snyder (159 969 abonnés), André Ducharme (78 205 abonnés) et Michelle Blanc (45 466 abonnés). De plus, M. Péladeau peut compter sur un second compte Twitter pour positionner ses messages et sa candidature, celui de son équipe stratégique : @equipePKP. Cette approche permet de mieux contrôler les messages et l’image du candidat.
Pour sa part, la présence d’Alexandre Cloutier génère 70,2 millions d’impressions. Près de 6 000 utilisateurs sont à l’origine des échanges. Les comptes des médias contribuent également à positionner son compte et quelques personnalités, dont Dany Turcotte (146 846 abonnés), Michelle Blanc (45 466 abonnés) et son ancien collègue, Pierre Duchesne (32 399 abonnés).
Enfin, le compte de Martine Ouellet a généré 42,8 millions d’impressions durant la même période. Ce sont près de 3 000 utilisateurs qui ont fait circuler du contenu. Parmi les influenceurs qui ont mentionné Martine Ouellet, on retrouve également Guy A. Lepage et Julie Snyder. Toutefois, la fréquence de leur mention est moindre que pour son rival Pierre Karl Péladeau.
Le mot-clic de la course à la chefferie du PQ est #CoursePQ. Ce dernier est inclus dans 15 % des publications qui mentionnent un des trois aspirants-chefs.
Chaque candidat a également adopté un mot-clic au moins pour mettre en lumière son contenu.
- Martine Ouellet : #OuiCestVrai
- Alexandre Cloutier : #JeVoteCloutier #cloutierpq
- Pierre Karl Péladeau : #Réussir #pkp2015
Les mots-clics d’Alexandre Cloutier sont plus performants que ses rivaux, puisque ils réfèrent directement au candidat, favorisant ainsi son rayonnement.
Le gagnant selon les médias sociaux
Cette course à la chefferie qui achève a évidemment permis de mettre en lumière trois députés du PQ sur les médias sociaux, mais aussi d’augmenter la circulation de contenu de cette formation politique sur le Web. Visiblement, les stratèges politiques ont su mieux intégrer les médias sociaux que lors de la dernière campagne électorale. Bien que les prochaines élections générales ne se dérouleront qu’à l’automne 2018, tout nous permet de croire qu’elles seront plus intenses sur le Web.
Si les utilisateurs Facebook votaient, selon l’ampleur des communautés respectives, les candidats obtiendraient les résultats suivants:
- Pierre Karl Péladeau: 63 %
- Alexandre Cloutier : 19 %
- Martine Ouellet : 17 %
Est-ce que ces résultats se traduiront dans la réalité et refléteront les résultats du vote des membres du PQ?