Les Québécois ont été témoins de plusieurs courses au leadership depuis les dernières années. Celle qui a amené André Boisclair à la tête du PQ en 2005 a certainement été la campagne à la chefferie la plus médiatisée. Depuis le PLC, à deux reprises, l’ADQ et le NPD ont sollicité le suffrage de leur membre afin de choisir leur nouveau chef de parti. Ces courses à la chefferie obéissent aux règlements internes des partis politiques et évoluent dans des contextes bien différents. Celle qui se déroule actuellement au PLQ est sobre et faiblement médiatisée jusqu’à maintenant. Voici l’autopsie sommaire de cette course au leadership.
La constitution du PLQ prévoit une course à la chefferie des plus traditionnelles. Les autorités du parti n’ont pas cru avantageux de modifier les dispositions internes afin de favoriser un suffrage universel, une élection par téléphone ou par internet. Les libéraux sont donc confrontés à une élection de délégués dans chacune des 125 circonscriptions du Québec. Ces délégués, 24 par comté, seront invités à voter lors du congrès à la chefferie prévu les 16 et 17 mars prochain à Verdun.
Une course au leadership sous la formule d’élections de délégués change considérablement la façon d’orchestrer une campagne. Il devient alors superflu de faire de grandes opérations médias qui s’adressent à tous les Québécois, lorsque l’impératif est d’identifier 24 délégués par circonscription. Les efforts doivent s’effectuer près de la base militante, un membre à la fois et une circonscription à la fois. Le candidat qui ratissera le plus de militants libéraux sera celui qui pourra amener le plus de délégués au congrès. Il s’agit davantage d’une guerre de tranchées, d’organisation sur le terrain, plutôt que de la haute voltige d’idées politiques et de communications.
Les débats entre les candidats ont débuté; le second s’est déroulé dimanche passé à Québec. Même à ces occasions, bien peu de divergences d’opinions ont divisé les candidats. Les débats sont courtois et relativement sobres. Les prochaines semaines seront une période charnière de la campagne. Du 4 février au 9 mars, les assemblées de choix de délégués occuperont comme jamais les organisateurs des différents candidats. Les aspirants-chefs seront en tournées à travers le Québec afin de rencontrer le plus de militants possible. Ce ne sera définitivement pas le moment de distraire le recrutement de délégués par des prises de position controversées.
Soutenant qu’une course à la chefferie est le moment privilégié pour redéfinir un parti, certains observateurs avaient émis des doutes quant à la promesse de Philippe Couillard de tenir un congrès d’orientation après son élection dans les fonctions de chef du PLQ. Visiblement, celui-ci avait raison. Le PLQ devra faire l’exercice de réflexion qui s’impose et il devra manifestement le faire après la course au leadership.