L’enjeu de l’environnement prend une place jusqu’ici inégalée dans la campagne électorale. Lors du premier débat au Québec, Justin Trudeau, Andrew Scheer, Jagmeet Singh et Yves-François Blanchet ont eu des échanges musclés sur cette question.
Il est intéressant de constater que l’environnement n’est majoritairement plus considéré comme un enjeu polarisant la gauche ou la droite politique, mais qu’il est un sujet horizontal que les partis intègrent dans leur plateforme. L’électrification, l’investissement dans les bâtiments verts et plus écoénergétiques et la migration de l’économie canadienne vers une économie plus verte sont des points communs à une majorité de partis. Toutefois, au sein du débat environnemental, un sujet divise encore les électeurs canadiens : qu’en est-il de l’exploitation des énergies fossiles.?
Le titre de la plateforme environnementale de chacun des partis politiques est évocateur des engagements qu’on y trouve. H+K vous en offre un aperçu.
Parti libéral du Canada (PLC) – Protéger notre environnement et faire progresser notre économie. Valeur phare du PLC, la plateforme environnementale ne pouvait être complètement détachée de l’économie. Le PLC fait la promotion de son plan environnemental en parlant de la jeunesse, mais aussi de bâtir des communautés écoénergétiques et abordables et de protéger le patrimoine naturel canadien. En ce qui concerne la question des projets de combustibles fossiles, les libéraux utilisent l’argument économique en indiquant qu’ils « examineron[t] minutieusement la façon dont [ils feront] croître [l’]économie tout en respectant l’atteinte de la cible d’un avenir de zéro émission nette. »
Parti conservateur du Canada (PCC) – Un vrai plan pour protéger notre environnement. Le PCC a choisi un nom qui ratisse large pour sa plateforme. Le PCC dit se concentrer sur trois thématiques que sont les technologies vertes au lieu de taxes, un environnement naturel plus vert et la lutte mondiale contre les changements climatiques. L’accent est mis sur l’innovation et la migration vers des technologies vertes pour atteindre l’objectif de réduction des gaz à effet de serre. C’est ainsi notamment qu’il gère la question des secteurs pétroliers et gaziers, en les intégrant dans les secteurs clés où ils veulent « renforcer l’innovation en environnement ».
Nouveau Parti démocratique (NPD) – Protéger notre environnement pour préserver l’avenir. La plateforme environnementale du NPD n’est pas très éloignée des valeurs très sociales qui sont chères au parti. En effet, elle est axée sur les collectivités et les « résultats pour vous », avec la mise en avant-plan de mesures d’emploi, d’amélioration des milieux de vie et de travail, de transport et de protection des terres et des eaux. Du côté des projets gaziers et pétroliers, on invoque l’abolition des subventions aux entreprises gazières et pétrolières. En ce sens, les néodémocrates s’engagent également à « réévaluer le processus d’examen des grands projets et de prévoir suffisamment de temps pour la consultation publique et de fournir un financement de base pour appuyer les collectivités autochtones qui souhaitent y participer ». Les communautés autochtones sont omniprésentes dans cette plateforme environnementale.
Bloc Québécois (BQ) – L’environnement, c’est nous. Le BQ a utilisé une déclinaison de son slogan de campagne pour illustrer son plan environnemental (il en est ainsi pour l’ensemble de son programme). Selon les bloquistes, le Québec, producteur de « ressources renouvelables comme l’eau, le vent ou la forêt », ne pourra prendre son envol que lorsque le système actuel « qui est à l’opposé du principe du pollueur-payeur » sera révolu. Son programme environnemental est basé essentiellement sur la fiscalité, notamment grâce à une péréquation verte. Évidemment, faisant campagne uniquement au Québec, le BQ se positionne contre le pipeline Énergie Est et les subventions aux énergies fossiles.
Parti vert (PV) – Mission possible : le plan d’action climatique du Parti vert. Se présentant comme « le seul parti à proposer un plan pour éviter une catastrophe climatique », le PV positionne en première ligne son plan d’action pour l’environnement comme étant dans le spectre du réalisable, voulant possiblement répondre à ses détracteurs. Comme on s’y attend, la plateforme environnementale est relativement développée, mais sans être trop exhaustive. Visant la carboneutralité du pays d’ici 2050, le Parti vert désire passer « rapidement » des combustibles fossiles aux énergies renouvelables. Entretemps, le plan en matière d’énergie fossile est de cesser l’importation de pétrole et d’autoriser des investissements dans les infrastructures d’ici, procurant des emplois en Alberta.
Il y a fort à parier que l’environnement occupera également une bonne place dans les échanges lors du 2e débat des chefs au Québec auquel participera, cette fois, la chef du PV, Elizabeth May.