Le paysage politique au Québec a passablement changé depuis il y a un peu plus d’un an.
D’abord au niveau fédéral, les trois partis qui se séparaient habituellement les votes au Québec, par région, soit le Parti conservateur, le Parti libéral du Canada et le Bloc Québécois, se sont retrouvés plus seuls et isolés que jamais alors que la vague orange déferlait sur la belle province.  Devant l’incrédulité la plus totale des observateurs et commentateurs d’ici et surtout d’ailleurs, dois-je ajouter.  Les raisons ici étaient nombreuses : amère déception des Québécois face aux conservateurs, désillusion face à la place et l’impact des bloquistes et queue de l’ouragan Gomery pour les libéraux fédéraux n’en sont que quelques-unes possibles.
Du côté du Québec, les Québécois – toujours devant cette même incrédulité – ont voté à peu près à parts égales pour le Parti Québécois et le Parti libéral du Québec, suivis de très près par le nouveau parti de la Coalition avenir Québec.  Que la CAQ n’ait pas davantage tiré son épingle du jeu devant l’insatisfaction quasi-généralisée, que le PLQ ait quant à lui reçu autant malgré une mise à mort annoncée ne sont que quelques éléments qui élargissent le « mystère Québec » à l’ensemble de la province.
À tout ceci s’ajoute le départ de politiciens présents depuis toujours sur la scène politique et la mort d’un parti québécois, l’Action démocratique du Québec.
Face à tous ces changements et à ce tournant, où le débat constitutionnel a fait place aux réflexions plus philosophiques concernant la vision de l’État, une nouvelle catégorie de citoyens a vu le jour: les orphelins politiques.
Quel est le profil de cette nouvelle espèce?  Peut-être sont-ils descendus dans la rue avec leurs casseroles pour exprimer leur « écœurantite », mais ne partageaient pas nécessairement la cause des étudiants ou les visions des partis dits de centre-gauche.  Ils les ont peut-être regardés passer dans leur rue ou on carrément fermer les fenêtres en maugréant contre le bruit.  On ne peut savoir puisqu’ils sont également plutôt silencieux.  Ils sont pragmatiques, non dogmatiques et constatent le pétrin dans lequel sont empêtrés nos gouvernements, tout en constatant également le prélèvement gargantuesque sur leur talon de paie pour satisfaire les dépenses de ces mêmes gouvernements.  Ils voient dette et déficits s’accumuler en se disant que si leur budget se retrouvait dans le même sale état l’insomnie ne serait que l’un de leurs nombreux problèmes. Ils savent que le monde a changé. Ils croient fermement qu’il y a d’autres façons de faire; que le passé n’est pas nécessairement garant de l’avenir. Ils notent surtout que malgré tout, rien ne leur est proposé pour améliorer réellement la situation.
Pas de réforme.  Pas de coupure.  Pas de changement structurel.
Pas de courage.
Oui nous sommes des orphelins politiques.  J’en suis. Croyez-vous que les aspirants chefs – non pas d’une émission de télé – des différents partis nous offriront refuge?