L’année 2015 débute bien tristement. Les événements dramatiques survenus en France confirment que la guerre n’est plus seulement militaire ou économique. Elle se joue malheureusement aussi sur le terrain des relations publiques. Pour le pire parfois, mais aussi pour le meilleur.

Déferlement mondial sur nos multiples écrans de haine, violence, morts, blessés, prises d’otages et assauts. Rien ne nous a été épargné avec l’attentat au Charlie Hebdo et ailleurs à Paris.
Mais ce qui devrait aussi tous nous interpeller, c’est à quel point des deux côtés de la barrière – forces de l’ordre et terroristes –, les relations publiques jouent un rôle central, crucial et jusque-là jamais vu. Incroyable de penser tout de même que les preneurs d’otages ont pris le temps de répondre aux questions de la chaîne d’information en continu BFM-TV et de livrer leur message alors qu’ils se barricadaient. Incroyable d’avoir vu aussi les autorités s’adresser au public en lui demandant de ne pas communiquer de renseignements sensibles afin de ne pas nuire aux opérations des troupes d’élite et, conséquemment, ne pas exposer leurs vies. Incroyable enfin d’assister aux prises de position de chaque parti politique sur le type de concorde à adopter (qui ira ou n’ira pas à la grande marche du dimanche), alors que la crise est là, présente et que son dénouement est encore loin.
On le savait déjà, la réalité depuis le 11 septembre 2001 a dépassé la fiction. Mais dans le cas des attentats en France, on est encore monté d’un cran. Nous étions tous exposés en temps réel, en minutes réelles (!), à des réalités dramatiques que chacun se sentait le besoin irrépressible de commenter: forces de l’ordre, gouvernements, responsables politiques, terroristes, journalistes, témoins, victimes et simples citoyens. Bref, nous étions pour la plupart spectateurs. Et nous voulions tous devenir acteurs.
Alors, que peut-on en tirer comme enseignement pour les relations publiques? Sans doute une volonté toujours plus affirmée de faire partie des enjeux de société. De communiquer aussi, de s’exprimer tout le temps, de dialoguer souvent. Les organisations et les entreprises doivent comprendre que plus que jamais, les citoyens, qui se comportent d’ailleurs de moins en moins comme de simples consommateurs, doivent être engagés, en première ligne. Parce que, justement, ils le veulent et qu’ils ont entre leurs mains les moyens de ne plus être passifs et de faire une différence. Les relations publiques ont cette capacité de cristalliser ce lien fait de transparence, de générosité et d’échange. Elles savent mieux que la publicité créer les conditions pour un dialogue authentique, bidirectionnel et personnalisé.
Aux problématiques de marchés, les entreprises doivent désormais apporter des réponses de société. Le marketing traditionnel a du chemin à faire pour se connecter avec cette réalité. Trop d’énergie, de temps et d’argent sont dépensés dans la seule innovation des produits et services. Aujourd’hui, les gens attendent que les entreprises innovent, certes, mais dans la relation qu’elles entretiennent avec eux. Aux relations publiques et à la communication stratégique d’être aux avant-postes de cette évolution. Pour le meilleur.