Il faut voir, ou plutôt vivre, une journée de dépôt de budget à l’Assemblée nationale pour en saisir toute l’effervescence. C’est sous bonne garde que commence cette journée folle, alors que les documents produits par le ministère des Finances et par le Conseil du Trésor sont transportés au Centre des Congrès, où a lieu le huis clos, et à l’Assemblée nationale. Le tout, sous escorte policière svp… On ne rigole pas avec le budget!
S’en suit le huis clos du budget, où politiciens, journalistes et groupes socio-économiques s’enferment dès 10 h le matin afin de décortiquer les documents reliés au budget (plus de 500 pages cette année, sans compter les crédits budgétaires, qui accompagnent généralement le dépôt du budget) et d’y trouver LA mesure qui risque de faire la manchette ou d’intéresser notre client.
À 14 h, ministre des Finances et porte-paroles des partis d’opposition se succèdent sur la tribune face aux journalistes afin d’y livrer leurs commentaires. Mais ce n’est qu’en fin de journée, au moment où le ministre des Finances se lève au Salon bleu de l’Assemblée nationale pour entamer son discours que les journalistes et leurs médiums d’informations peuvent publier leurs textes et commentaires, à la levée du huis clos.
Le politicien, le journaliste ou encore l’intervenant d’un groupe socio-économique qui aura eu la « chance » de vivre cette journée aura eu plusieurs heures pour prendre connaissance du budget et aura sans doute une bonne idée de ses principales orientations. Mais le citoyen, lui, n’aura droit qu’à un reportage au bulletin de nouvelles télévisées le soir même où à quelques pages dans son journal du lendemain.
Est-ce suffisant?
Bien sûr, il peut lui aussi consulter les documents rendus disponibles par le gouvernement via Internet. Mais au travers le travail, les tâches quotidiennes à la maison, les devoirs et les bains des enfants et j’en passe, qui a le temps et l’énergie nécessaire pour éplucher les centaines de pages des documents budgétaires? De plus, il faut bien avouer que le plan budgétaire 2013-2014 du gouvernement du Québec s’avèrerait une lecture peu passionnante à laisser sur la table de chevet. (Mais si vous insistez, le document est ici).
Vous savez, j’ai eu la chance de travailler pendant plus de 3 ans à l’Assemblée nationale. L’expérience qu’on y vit jour après jour à l’intérieur même des murs du Parlement y est très enrichissante et très captivante. On y vote des lois et des règlements qui ont une incidence directe sur vos vies. On y prend des décisions politiques et budgétaires qui influenceront les services offerts aux citoyens. Mais force est d’admettre que les activités quotidiennes de l’Assemblée nationale traversent difficilement les murs du Parlement pour y rejoindre les chaumières du Québec.
Alors, la question est à la fois simple et complexe : comment intéresser le citoyen à ce qui se passe à l’Assemblée nationale?
De plus, est-ce le rôle du citoyen de s’y intéresser ou encore est-ce plutôt le rôle du politicien de l’y intéresser?
J’attends votre réponse.
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Secteur: Gouvernement + Secteur public
Expertise spécialisée: Affaires publiques