Dans le cadre d’un récent événement organisé par H+K Stratégies, trois experts de son équipe santé et bien-être ont décortiqué le projet de loi du ministre de la Santé, Christian Dubé, créant l’agence Santé Québec.
Tour à tour, l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, Dr Yves Bolduc, l’ancien sous-ministre de la Santé de l’Ontario, Dr Bob Bell, et un ancien conseiller politique de la santé de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Jean-François Landry ont entretenu les nombreux participants des aspects cliniques, organisationnels et politiques de cette importante réforme qui suscite de nombreuses réactions au Québec et au sein des organisations nationales qui font des affaires dans la belle province. La discussion a été animée par l’ancien député de Lévis, François Paradis.
Voici quatre points forts à retenir de cette discussion :
1. Le projet de loi n° 15 modifiera profondément la gouvernance clinique et administrative du réseau de la santé
Le nouveau PDG de Santé Québec aura beaucoup de pouvoirs et sera redevable envers le ministre de la Santé et les membres d’un conseil d’administration nommé par le gouvernement. Santé Québec deviendra l’employeur de tous les employés du réseau de la santé dans une nouvelle structure plus centralisée qui regroupera uniquement quatre grands syndicats nationaux. La création d’un poste de directeur médical devrait aussi diminuer le pouvoir d’influence des médecins au sein du réseau de la santé. Le mandat du nouveau directeur médical comportera assurément de nombreuses complexités, considérant que la gestion des médecins peut s’avérer un défi à l’intérieur d’organisations complexes. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’ils conservent leur statut de travailleur autonome. Au final, beaucoup de pouvoirs seront concentrés dans les mains de quelques personnes.
2. Une longue implantation marquée par une période de transition
Différentes directions du ministère de la Santé et des Services sociaux seront transférées, en tout ou en partie, au sein de la nouvelle agence. Le nouvel organigramme du réseau de la santé, incluant celui de Santé Québec n’est pas encore disponible. Il le sera dans les prochains mois uniquement. À l’heure actuelle, plusieurs fonctionnaires ignorent toujours s’ils resteront au ministère ou se retrouveront à l’agence. Ce vaste jeu de chaises musicales engendrera assurément des défis internes de communication, de gestion des responsabilités et de gouvernance. De plus, l’implantation de Santé Québec va certainement ralentir des projets et réformes en cours. Le gouvernement du Québec a prévu investir une somme préliminaire de 60 M$ pour implanter Santé Québec. Est-ce que celle-ci comprend l’implantation d’un système informatique chez Santé Québec compatible avec celui utilisé actuellement au ministère? Cette donnée n’est pas disponible pour l’instant. Chose certaine, la coordination de l’information entre les établissements de santé, Santé Québec et le ministère est un enjeu probable de taille.
3. Un ministre qui demeurera une cible
Malgré la présence d’un PDG à la tête de Santé Québec, le ministre de la Santé demeurera la cible des journalistes, des leaders d’opinion, des syndicats, des associations professionnelles et des partis d’opposition. Le ministre devra encore rendre des comptes sur la place publique et diriger le ministère de la Santé et des Services sociaux. C’est aussi lui qui devra faire des représentations auprès du ministre des Finances et de la présidente du Conseil du trésor pour obtenir les budgets nécessaires au bon fonctionnement de Santé Québec.
4. Une adaptation à prévoir dans les représentations
En plus du cabinet du ministre de la Santé, du ministère et des établissements de santé, Santé Québec s’ajoutera à la liste des organisations que les parties prenantes devront rencontrer. Reste à voir comment la haute direction de Santé Québec accueillera les demandes de rencontres des parties prenantes et quelle orientation lui donnera le ministre de la Santé. Une chose apparaît évidente : les parties prenantes devront adapter leurs outils de communication et leur approche stratégique, en plus de maîtriser la nouvelle structure du réseau de la santé du Québec ainsi que la culture organisationnelle de Santé Québec.
Notre équipe d’affaires publiques spécialisée en santé et bien-être suivra le tout assidument afin d’aider ses clients à naviguer dans ce nouvel environnement. Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter.