Depuis mes premières années à titre de personnel politique, il y a un bon moment déjà, je regarde et j’écoute la période de questions et réponses orales à l’Assemblée nationale. C’est une vieille habitude que j’ai encore aujourd’hui à titre de lobbyiste-conseil.

Cet exercice n’a guère évolué depuis que je m’y intéresse, à l’exception qu’il est désormais interdit aux parlementaires, depuis l’automne 2015, d’applaudir la répartie d’un collègue de son groupe parlementaire. Et ce, peu importe sa véritable portée.

Malgré ce changement remarqué et bénéfique, qui allège grandement le déroulement de la période de questions, il n’en demeure pas moins que cette période d’échanges de 45 minutes donne lieu, plus souvent qu’autrement, à des joutes oratoires partisanes et stériles. Bien que les protagonistes changent à tous les cinq ans, les affrontements et les esquives sont bien souvent au rendez-vous. Ce n’est pas facile d’être le président de l’Assemblée nationale tous les jours!

Si la période de questions semble être l’exercice parlementaire qui intéresse le plus la population, l’indiscipline qui y règne et les temps de parole courts ne favorisent pas l’échange de contenu. La possibilité pour les leaders des différents groupes parlementaires de poser des questions de règlement apportent rarement un meilleur éclairage, mais au contraire, contribuent à envenimer davantage le climat qui prévaut.

Je serais curieuse de savoir ce que le premier ministre et ses ministres répondraient à la question suivante : « Devrait-on abolir la période de questions à l’Assemblée nationale? ». Un ancien président de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Charbonneau, s’est déjà exprimé publiquement en ce sens en 2008.

Pour ma part, malgré cette réflexion, je réponds non, car la période de questions demeure un exercice démocratique à la portée de tous depuis que les débats sont télévisés et disponibles sur le Web. J’y ajoute toutefois un « mais » : à mon avis, la forme mériterait d’être revue dans le but de favoriser des échanges plus éloquents au bénéfice des électeurs.

Par exemple, près de chez nous, il est interdit de soulever des questions de règlement à la Chambre des communes. Ou encore, pourquoi ne pas nous inspirer du Royaume-Uni, avec qui nous partageons plusieurs similitudes parlementaires, en consacrant une journée de questions s’adressant uniquement au premier ministre? Et pourquoi ne pas prolonger cet exercice à une heure, plutôt que 45 minutes, tout en octroyant plus de temps de parole à chacun?

Qui sait, ces changements pourraient contribuer à la formulation de questions mieux articulées et révélatrices de l’action gouvernementale en cours, plutôt que des « lignes » et des « clips » pour les médias.