Deux années après son élection, les Québécois sont très majoritairement satisfaits du gouvernement de la Coalition avenir Québec de François Legault. Nationaliste et pragmatique, le premier ministre caquiste a saisi l’humeur des Québécois.

Jamais un gouvernement au Québec n’avait rempli autant de promesses électorales aussi rapidement. 71 % des 250 promesses caquistes sont déjà réalisées (pleinement ou en partie) selon le Polimètre de l’Université Laval. Le gouvernement a réformé les commissions scolaires et Investissement Québec, réduit les taxes scolaires et les tarifs de stationnement dans les hôpitaux, investi massivement en éducation et en santé, en plus de régler le dossier de la laïcité et des signes religieux. Cependant, des engagements phares tardent à être réalisés, alors que d’autres sont en danger en raison de l’actuelle pandémie.

Des nuages jaunes, orange et rouges se pointent toutefois à l’horizon en raison de la gestion de la COVID-19, du trou dans les finances publiques et de l’engorgement législatif et politique.

Une deuxième vague de la COVID -19 plus difficile à gérer que la première

La gestion de la COVID-19 crée actuellement des frustrations. Je ne parle pas ici des complotistes, mais bien des citoyens, des entreprises, des employés, des parents, des professeurs, des infirmières, etc.

D’ailleurs, après la première vague, le premier ministre a surpris plusieurs observateurs en remplaçant la ministre de la Santé et des Services sociaux Danielle McCann et son sous-ministre par un gestionnaire expérimenté du secteur privé, Christian Dubé. Celui-ci est aussi épaulé par une nouvelle sous-ministre et de nouveaux sous-ministres adjoints avec de l’expérience politique. Bien que motivé et habileté à gérer des défis de taille, le ministre de la Santé et des Services sociaux devra diriger le paquebot le plus difficile à manœuvrer au sein du gouvernement.

Christian Dubé a eu quelques mois pour faire ses devoirs, mais le réseau de la santé demeure fragile en raison de la pénurie de main-d’œuvre, et ce, malgré l’arrivée massive de préposés aux bénéficiaires. Le ministre Dubé doit maintenant livrer, les gestionnaires des CI(U)SSS aussi.

Par ailleurs, certaines incohérences dans les décisions prises par la direction de la santé publique et le gouvernement sont également pointées du doigt. La tergiversation pour maintenir les activités dans les programmes sport-études en est l’exemple parfait. Le gouvernement doit absolument garder la confiance de la population. Un récent sondage Léger démontre que 84 % des Québécois croient que les gouvernements devraient rendre le masque obligatoire dans tous les espaces publics intérieurs. Les mesures sanitaires sont plus ciblées que lors de la première vague, mais appliquées au détriment de la clarté et de la cohérence. La communication de celles-ci représentera tout un défi!

L’impact de la COVID-19 sur les finances publiques pèsera lourd

Après avoir réalisé plusieurs engagements électoraux dispendieux grâce à des coffres bien remplis, la pandémie plombe évidemment les finances publiques du Québec. Au ministère des Finances, on sait que les comptes publics ne balanceront pas pour plusieurs années. Des engagements électoraux pourraient ainsi être retardés ou abandonnés. Il faudra surveiller dans quel courant le ministre Éric Girard se positionnera. Le gouvernement dépensera pour stimuler l’économie, mais à quel prix et pour combien de temps ?

L’entonnoir politique et législatif

Avec la gestion de la COVID-19 et des ressources financières limitées, le gouvernement aura des choix difficiles à faire. Il souhaite faire adopter le nouveau projet de loi no 66 pour accélérer 181 projets d’infrastructures et déposer son très attendu plan pour une économie verte, sans compter le dépôt d’une réforme de la loi 101 et de la santé et sécurité au travail. Il faut aussi ajouter à cette longue liste, les négociations avec le secteur public et les dossiers qui émergent quotidiennement dans l’actualité et qui nécessitent des suivis de longue haleine. Pensons au dépôt du rapport de la Commission Laurent sur la DPJ, aux consultations publiques sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir, au transport aérien régional et tous les mandats d’initiative qui se poursuivent. Ouf !

Ainsi, derrière les portes closes des ministères, notamment celles du conseil exécutif, le ministère du premier ministre, et du cabinet du leader du gouvernement, l’agenda politique et législatif des prochains mois est analysé avec soin. Quels seront alors les projets de loi et les grandes réformes qui se hisseront dans le top 10 du gouvernement et qui ont de véritables chances d’être adoptés d’ici juin 2021 ou d’ici la fin du mandat ?

Dans ce contexte, les entreprises, associations professionnelles et autres groupes devront être stratégiques pour capter l’attention du gouvernement et faire valoir leurs dossiers.

Une coalition de recrues qui fonctionne

Avec la gestion de la deuxième vague de la COVID-19, des ressources financières plus limitées et le sablier qui s’écoule tranquillement vers 2022, le plus dur reste à faire pour le gouvernement de la CAQ. Heureusement, celui-ci peut compter sur de solides ministres : Sonia Lebel, Éric Girard, Christian Dubé et Geneviève Guilbault se sont particulièrement révélés depuis l’élection. Le gouvernement est un peu à risque, mais à 48 % dans les sondages, il possède une bonne marge de manœuvre. Sa base électorale est solide, stable et établie dans pratiquement toutes les régions depuis l’automne 2017. Les prochains mois nous permettront de voir si l’avion de François Legault va commencer à redescendre ou s’il pourra planer vers une réélection.