Le conflit interminable qui paralyse le Québec depuis quatre mois nous pousse à outrepasser les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs.
Deux opinions sont au front, soit celle de notre gouvernement qui prône souvent le fait que nous sommes la nation qui paie le moins en Amérique du Nord versus celle des étudiants qui la compare à l’Europe.
Je vais faire un parallèle avec deux pays, soit la Suède reconnue pour son idéologie dûment enviée où tous les services sont accessibles, mais où le taux d’imposition est exorbitant, et la Suisse où les taux d’imposition sont des moins élevés au monde. Ces deux États sont économiquement extrêmement performants et ont choisi deux voies opposées en termes de politique sociale.
La politique de la troisième voie appliquée en Suède cherche à diminuer les écarts et les disparités des salaires afin d’atteindre une nouvelle forme d’égalité et de démocratie industrielle.  
En Suède, la notion d’universalité assez notoire s’explique par le fait que « les bénéfices et les services devraient être basés sur la législation, les taxes, disponibles et pouvant être utilisés par tous les citoyens qui en ont besoin, indépendamment de leur revenu et leur lieu de résidence – les services devraient être équitables pour tous à travers le pays ». (1)
Grâce au système de taxation, l’accès gratuit à l’école et aux universités est possible. Par le biais des réformes au cours des années 1990, la possibilité de choisir entre privé et public ne dépend pas du revenu des parents, car une grande partie des écoles privées est financée par les fonds publics et par conséquent, ce qui empêche la montée d’un système élitiste privé qui entrainerait une stratification sociale.(1) Cependant, aujourd’hui, on peut trouver des articles où la Suède, autrefois modèle et phare du monde occidental, est maintenant présentée comme une anomalie, comme l’homme malade de l’Europe en raison de son État social trop cher, imposant un niveau de taxation trop élevé, un marché du travail trop rigide et, un système corporatif donnant trop de pouvoir aux syndicats.(2)
La Suisse apparaît comme l’un des pays occidentaux qui ont un État-providence parmi les moins développés.
L’État suisse a une structure fédérale très poussée, dans laquelle les unités territoriales gardent une grande autonomie et peuvent exercer une forte influence politique fédérale. La Suisse est composée de 26 cantons et de 2 700 communes et municipalités. Les cantons sont en outre protégés par des mécanismes constitutionnels qui permettent à des coalitions minoritaires de bloquer le processus de prise de décision fédéral (3)
Cette structure étatique inspirée du néo-institutionnalisme freine le développement et l’expansion de l’État-providence suisse et, par conséquent, explique pourquoi une grande majorité des politiques sociales sont assez minimes en Suisse et sont très souvent refusées en référendums. (3)
En Suisse, cette hétérogénéité peut être expliquée par les affinités culturelles au sein des régions linguistiques avoisinantes et le public-private welfare mix car plusieurs secteurs et structures politiques coexistent en offrant des services aux niveaux différents(3). Cette opposition entre régions d’un même pays peut être comparée au Canada, un exemple d’un fédéralisme poussé où les provinces se sont souvent retrouvées en concurrence lorsqu’il s’agissait de promulguer de nouvelles lois sociales.
En Suisse, les dépenses publiques par élève de l’enseignement préscolaire sont faibles par comparaison avec les autres pays, alors que les dépenses par diplômé de l’enseignement supérieur universitaire figurent parmi les plus élevées de la zone de l’OCDE. Les étudiants déboursent environ 900 euros (1 164 $CAN) par année. (4)
Il est clair que le système parfait n’existe pas et que les comparaisons avec l’Amérique du Nord et l’Europe ne sont peut-être pas adéquates avec la nation québécoise. Cependant, ce qui distingue le choix social, d’après moi, réside dans la cohésion entre le régime politique et l’idéologie populaire. L’image fragile aux fissures éclatantes du système québécois pousse à affirmer le manque flagrant de communication, de compromis et de valeurs communes au Québec. Le type de contrat social qui semble fonctionner en Suisse et en Suède est complètement perdu dans l’état des lieux actuel de notre belle province.
1-     https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CRII_043_0069
2-     https://www.histoire-politique.fr/documents/13/autresArticles/pdf/HP13_Varia2_Anderson_def.pdf
3-     https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SOCO_051_0013
4-     https://www.oecd-ilibrary.org/economics/raising-education-outcomes-in-switzerland_5kgj3l0wr4q6-en