La rentrée parlementaire d’aujourd’hui marquera la deuxième année du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) aux commandes de l’État québécois. François Legault et son équipe jouissent toujours d’un taux de satisfaction et d’un appui populaire très élevés.

En effet, selon le plus récent sondage Léger publié le 31 janvier dernier, la CAQ obtient 42% d’appui, contre 23% pour le Parti libéral du Québec (PLQ), 19% pour le Parti Québécois (PQ), et 11% pour Québec Solidaire (QS). L’appui de la CAQ chez les francophones est encore plus marqué, étant de 51%, suivi du PQ à 22%, QS à 13% et le PLQ à 10%. Le taux de satisfaction du gouvernement est de 60%. Le premier ministre Legault a souvent rappelé les trois priorités de son gouvernement : l’économie, l’éducation et la santé. Force est de constater qu’une nouvelle priorité vient détrôner ces dernières.

Le sujet prioritaire de 2020 : l’environnement

La question environnementale sera au cœur de l’action gouvernementale. Ceci a été confirmé la semaine dernière, alors que les députés de la CAQ se réunissaient en caucus présessionnel. Le gouvernement a profité de cette occasion pour annoncer une réforme du système de la consigne qui visera tous les contenants de boissons en plastique, verre et métal. Le premier ministre en a lui-même fait l’annonce pour lequel son message était très clair : « L’année 2020, pour le gouvernement de la CAQ, ce sera l’année de l’environnement ».

Cette réforme annoncée est la première d’une série d’annonces environnementales que fera le gouvernement. Une nouvelle concernant la modernisation de l’industrie de la récupération et du recyclage qui aura un impact sur les entreprises, les municipalités et les centres de tri sera présentée dans les premières semaines de la session. De plus, le plan d’électrification et de changements climatiques, grandement attendu des acteurs du milieu environnemental, sera dévoilé incessamment.

Le deuxième budget caquiste

Le ministre des Finances, Éric Girard, fait l’envie de ses homologues des autres provinces, ainsi que de ces propres collègues ministres à Québec, avec de forts excédents budgétaires anticipés. Selon le dernier rapport mensuel des opérations financières, le gouvernement du Québec a dégagé un surplus de 3,7 milliards de dollars pour les sept premiers mois de l’année fiscale. Face à cette situation économique, tout porte à croire que le prochain discours sur le budget sera axé sur les priorités phares du gouvernement plutôt que sur un saupoudrage de plus petites mesures. Entre autres, il faudra surveiller les investissements consacrés aux projets environnementaux, tels que l’électrification des transports et le transport en commun, ainsi que des baisses du fardeau fiscal pour les contribuables. Sur ce dernier point, la CAQ a historiquement tenu un discours fiscalement de centre-droit. Elle a annoncé quelques mesures ciblées principalement aux familles avec enfants, mais une annonce de baisse plus générale et significative du fardeau fiscal n’a toujours pas eu lieu.

Les négociations avec les employés de la fonction publique

Il n’y a pas que les contribuables québécois et les ministres du gouvernement qui lorgnent les milliards de surplus. La convention collective des quelques 400 000 employés de l’État québécois arrive à échéance à la fin du mois de mars. La négociation de leurs conditions de travail est en cours et les syndicats souhaitent aussi obtenir leur part. Dès la fin de l’année dernière, un écart important entre les demandes des syndicats et l’offre du gouvernement avait été ébruité sur la place publique. Il faudra donc s’attendre à une période de négociation corsée. Les syndicats ont historiquement fait la vie dure au gouvernement, lorsque les discussions s’étirent et ne mènent pas au résultat qu’ils souhaiteraient.

La sécurité des données informatiques

Plusieurs situations malheureuses concernant des lacunes de protection des données informatiques ont marqué 2019 et ont ébranlé la confiance de la population. Déjà, le gouvernement du Québec a entamé un vaste chantier de transformation numérique de l’appareil gouvernemental. Déjà deux projets de loi ont été déposés. D’abord, le projet de loi 14 établit certains principes et cadres administratifs de la transformation numérique a été adopté en octobre 2019. Le projet de loi 37, qui créé un centre d’acquisitions gouvernementales venant remplacer le Centre des services partagées du Québec, ainsi qu’une entité de gestion informatique appelée Infrastructure Technologique Québec, est à l’étape de l’étude détaillée en commission parlementaire. Ne vous surprenez pas si le gouvernement souhaite accélérer la cadence et prend un rôle de leader face à la problématique de la sécurité informatique.

Le gouvernement entame donc la prochaine session parlementaire avec les coudées franches, d’autant plus que deux des trois partis d’opposition – le PLQ et le PQ – sont en pleine course à la chefferie, ce qui laisse croire que cela diluera l’énergie qu’ils accorderont aux travaux parlementaires.

Dans ce contexte, le gouvernement devrait avoir la capacité d’imposer ses priorités d’ici l’été. Il devrait garder le cap sur ses réformes déjà entamées et s’assurer de les faire atterrir de façon efficace malgré le niveau de controverse qu’elles puissent susciter, entre autres les réformes sur les étudiants immigrants, les commissions scolaires, l’aide médicale à mourir, ou sur le mode de scrutin.